Réalisé par : Oihané ALLI, Emma MORVAN, Emile De La MOTTE, Martha ISAAC, Marie LEMARQUAND, Agata LOMNEV KUZNETSOVA, Louna BRETON, Idriss CISSE, Zia SANCHEZ
Retranscription podcast
A l’abri d’une crinoline
[Bruits de fortes pluies] JOSEPHINE : Bonjour monsieur je… Accepteriez-vous de m’abriter un instant sous votre comble ?... [Suffoque] Je crains de finir noyée avant l’heure du souper… GUY : Vous habitez loin ? JOSEPHINE : Plutôt oui… je ne préfère pas me salir davantage, j’ai rendez-vous pour un diner à la Préfecture. GUY : Installez-vous, je vous apporte de quoi vous couvrir... JOSEPHINE : O que Vous m’êtes bien aimable. Enchantée, mon nom est Joséphine de la Pradière. Le vôtre ? GUY : Je suis Guy Edmond de la Soulière, pourtant je ne suis point cordonnier. JOSEPHINE : [Elle rit] Et quand bien même ! Il est essentiel de se chausser. NARRATEUR : Le temps file, la pluie a cessé, mais les deux individus continuent de papillonner… Le temps d’une anecdote forte intéressante sur une chasse à courre en Ecosse, un rayon de soleil se place sur la joue de Joséphine… JOSEPHINE : Oh ! Et voilà que le soleil est de retour, nos bavardages ont été plus long sque ce que je pensais… GUY : Vous avez raison ! Tiens, maintenant que les oiseaux sifflent à nouveau, laissez-moi vous montrer mon jardin, à moins que vous n’ayez point le temps. JOSEPHINE : J’ai encore tout votre temps. GUY : Laissez-moi vous montrer mes bégonias directement importés d’Amérique du Sud. Aussi colorés soient-ils, ils semblent un peu mourants en ce moment n’est-ce pas… Joséphine ? JOSEPHINE : Oui ? GUY : Vous m’avez l’air tourmenté. Tout va bien ? JOSEPHINE : Oui peut-être pouvons nous nous étendre dans l’herbe. GUY : Bien sûr ! Si ça ne vous importune pas, j’aimerais goûter ma pipe ? JOSEPHINE : M’importuner ? J’eus fumé un temps, il m’arrive d’y goûter quand je me sens bien. GUY : Joséphine… je ne vous connais pas, parlez-moi de vous... JOSEPHINE : Je suis habituellement de nature timide vous savez Guy… GUY : Dites-moi tout Joséphine [d’un air passionné] je veux vraiment savoir ce qui vous passionne et vous ronge. JOSEPHINE : Je suis couturière dans une fabrique de corsets. Bien que je sois de bonne famille, je mène une vie bien modeste ; je possède une maison non loin de là, j’y vis avec mes sœurs et mon chat, Raoul, il est ravissant. Mais il est vrai que ces derniers temps je me sent tourmentée, des maux me rongent mais cela n’est sûrement pas grand-chose ; le médecin m’a conseillé de me ménager. GUY : Joséphine, ne me dites point que vous êtes mourante ! Une si ravissante demoiselle ?!?!!! JOSEPHINE : Non ne vous en faites pas Guy, je ne suis pas mourante, j’ai toute la vie devant moi, et le temps qu’il faut pour que nous nous revoyons. GUY : Bénédiction, me voilà ravi. Mais dites m’en plus sur vos tourments. On me dit souvent que je suis une bonne oreille… JOSEPHINE : … Hum hum… Voyez-vous, depuis quelques mois j’ai d’atroces douleurs qui m’envahissent la poitrine, c’est à peine si elles sont descriptibles. Comme si quelque chose vivait en moi. Je me sens comme habitée. Vous me prenez sûrement pour une folle ! GUY : Enfin ma chère, moi aussi il y a bien longtemps, j’ai ressenti ces maux, d’atroces douleurs dues au choc émotionnel causé par le départ de grand-tante Gertrude. Je suis resté au lit durant deux semaines avant qu’on m’y sorte de force ! JOSEPHINE : Oh je vous plains, cela devait être difficile. Cependant je ne pense pas souffrir de la même peine que vous, je n’ai récemment perdue personne bien que Raoul soit malade. Mais, ma douleur à moi est belle et bien physique et elle se situe dans mon corps, même dans mon ventre pour être plus précise. NARRATEUR : Guy se prend d’envie d’allumer sa pipe, alors que le vent se lève. GUY : Non d’une rhubarbe, ce vent ne veut donc point que j’allume ma pipe. NARRATEUR : Joséphine se penche, et lève ses jupons. GUY : Mais… voyons, cela ne vous gêne point ? JOSEPHINE : Soyons fou ! Vous ne trouverez pas d’abri plus efficace aux alentours. GUY : Si vous le dites. NARRATEUR : Le jardin est calme, la pipe de Guy se tient entre ses lèvres, il arme sa bouffarde, il vérifie l’état de ses allumettes, quelques étincelles sautillent autour de ses mains… mais il est déjà trop tard. [Musique dramatisante puis bruit de pet et de déflagration] NARRATEUR : Nous voilà quelques jours après ces évènements. Antoine du Barret, responsable en chef de la morgue de Paris arrive comme tous les jours sur son lieu de travail. ANTOINE DU BARRET : Dis-moi, j’ai vu que tu avais ausculté le nouveau corps ce matin, de quoi s’agit-t-il exactement ? Tout le monde parle de cette affaire depuis la semaine dernière ? EMPLOYÉ : Je vous préviens, ce n’est pas beau à entendre… Lésion cérébrale importante sur le haut du crâne, brûlure au 2e degrés sur l’entièreté du visage et qui s’étend sur la partie supérieure du thorax. Une importante masse de cheveux est visiblement calcinée. La victime n’est plus reconnaissable. ANTOINE DU BARRET : Bon sens ! Quel enfer… celui-là n’a pas eu de chance… EMPLOYÉ : On dit même que sur les lieux de ce terrible évènement, se trouve un large trou parsemé de cendres probablement dues à une explosion. La totalité de la végétation aux alentours a étrangement été retrouvée fanée lors de la découverte du corps. ANTOINE DU BARRET : Comme c’est surprenant… As-tu des hypothèses ? EMPLOYÉ : Eh bien, ce n’est pas de mon ressort mais ça m’a tout l’air d’être un suicide : la victime a été retrouvée une pipe à la main. C’est sans doute volontaire. Aurait-il provoqué l’explosion lui-même avec du gaz ? ANTOINE DU BARRET : Je n’en sais rien, mais comme tu dis, cela n’est pas de notre ressort. NARRATEUR : Cette histoire a rapidement fait le tour de la ville, mais personne, pas même la police ne mettra la main sur la réelle raison de cette fin tragique. Au fil des années, cette enquête a pris la poussière, Joséphine vivra à jamais avec ce regret, et elle n’en parlera à personne.